De la Guadeloupe, aux États-Unis, Alyssa Regent s’est installée depuis six ans dans la ville qu’on surnomme la Big Apple : New York City. La Guadeloupéenne fait ses classes au très réputé Hunter College dans le département Musique. Le 23 janvier dernier, j’ai participé à sa graduation. Une réussite obtenue avec mention.
Dans l’une de ses chroniques Richard Châteauvert, disait “Le monde entier aime New York… parce que New York contient le monde entier.” Cette phrase à elle seule résume mes nombreuses balades dans cette ville tentaculaire composée de cinq arrondissements, à l’embouchure du fleuve Hudson et de l’océan Atlantique. Ses incontournables gratte-ciel , l’immense Central Park, Times Square, le Brooklyn Bridge, font de New York l’une des destinations les plus prisées de la planète. Son extravagance, son histoire cosmopolite attire les créatifs et les passionnés. Cette fois-ci j’ai visité la ville à travers le regard d’Alyssa qui connait NYC par coeur. Elle sait éviter le métro bondé (rires), elle connaît de très bonnes adresses où manger. J’ai aussi découvert les clubs mythiques de Jazz. Détail important pour l’amatrice que je suis. Nous n’avons pas pu faire de concerts ensemble, mais je retiens que nous sommes passés devant de très nombreux clubs où ceux qui ont fait l’histoire du jazz ont joué et émerveillé leur auditoire.
Durant quelques jours, j’ai plongé dans l’univers d’Alyssa et cela a démarré par la découverte de son université : Hunter College. Situé dans le quartier de l’Upper East Side à New York, le Hunter College est fondé en 1870. Réservé aux femmes il devient mixte en 1946. 23 000 étudiants se forment là-bas dans divers programmes allant de la sociologie aux arts. Alyssa évolue dans le département musique depuis 4 ans. Elle y passe la majeure partie de son temps. Le département est fonctionnel avec une salle de spectacle, des pièces fermées et conditionnées pour jouer de tous les instruments de musique.
Elle me raconte : “Depuis mon plus jeune âge, mes parents ont décelé chez moi des qualités artistiques : le dessin, la peinture et l’écriture. La musique est venue naturellement compléter ce tableau”.
Dans sa famille, la musique a une place particulière. Tout le monde ou presque chante ou joue d’un instrument. Plus qu’un amour pour la musique cela fait partie d’eux. Plus jeune, Alyssa écoutait les CD de son père dans la voiture. Le Jazz Antillais l’a accompagnée sur la route, elle pense immédiatement à l’artiste Alain Jean-Marie qu’elle admire et qu’elle écoute encore aujourd’hui.
“J’ai vraiment commencé à m’intéresser à la musique antillaise à mon arrivée à New York. Les Américains aiment apprendre, ils sont curieux et m’ont poussées à en découvrir plus sur ma propre culture. Je me suis rendue compte que les rythmes du Gwo Ka sont extraordinaires, complexes et aussi surtout nouveaux pour les audiences américaines.”
Au Hunter College, Alyssa se perfectionne et crée des rendez-vous musicaux avec son crew. Des jeunes talentueux, passionnés et animés par la musique.
Les rencontrer fut absolument vivifiant, car j’ai encore eu la confirmation qu’il faut exceller dans ce que l’on aime. Maya Angelou a un mantra pour le succès et je crois qu’elle résume parfaitement ce que j’ai pu voir dans le regard d’Alyssa et de ceux qui l’entourent dans le même esprit. “Le succès, c’est vous aimer vous-même, c’est aimer ce que vous faites et c’est aimer comment vous le faites”.
“Que la salle de spectacle soit pleine ou non, c’est la passion qui gagne toujours, nous faisons nos spectacles et nous sommes heureux de tous nos résultats”, explique Alyssa après le show de deux heures que nous avons vu avec ses parents venus de Guadeloupe pour l’encourager et la féliciter. Je ne me suis pas ennuyée une seule seconde à ce spectacle préparé seulement en deux semaines. Il s’agissait d’une reprise de l’oeuvre théâtrale Edges: À Song Cycle de Pasek & Paul. Un cycle de chansons sur la maturité, la croissance et la découverte de soi. Dans ce spectacle Alyssa était Cheffe d’orchestre. Avec son ami musicien et à l’initiative de ce projet Roberto Burgos, ils ont ajouté aux partitions de nouveaux instruments. Pour Edges ils ont orchestré pour : Piano, Violon, Violoncelle, Saxophone Alto et Baryton, Hautbois, guitare bass et guitare acoustique. Un travail gigantesque plébiscité par leurs pairs présents.
Dans le futur, Alyssa compte produire plus d’événements musicaux dans l’école et aussi en Guadeloupe.
C’était un très beau moment, avec les Graduates. Après les discours des officiels, certains étudiants ont été mis à l’honneur à travers leurs histoires et leurs parcours brillants. L’histoire d’Alyssa méritait aussi d’être entendue. Sortir de la Guadeloupe et se lancer dans une aventure américaine c’est faire preuve de courage, d’audace et de détermination. Composer des morceaux , porter la culture guadeloupéenne à travers sa musique, marier les genres musicaux, être douée tout simplement mérite d’être connue.
En août 2019, elle a participé à un festival de piano au Portugal en tant qu’apprenant piano et composition. Pour 2020, elle s’est inscrite pour de nouveaux programmes à Los Angeles et à Sarajevo (Bosnie-Herzégovine,).
En mai 2020, elle se produira sur scène pour son premier opéra de chambre à New York.
Quant à moi, je repars grandie de cette expérience musicale, j’ai découvert un univers intense et passionnant pour ceux qui le vivent à chaque instant. Je repars avec le sentiment d’accomplissement. Celui de connaître les membres de ma grande famille. Cette famille que je connaissais à travers les mots de ma grand-mère. Je repars avec une nouvelle connaissance bien réelle : Alyssa Régent, ma cousine artiste talentueuse. Une Guadeloupéenne qui fait déjà parler d’elle.
PAULE ABOITE (Chanteuse) & Vincent TONG (Piano) sur l’une des compositions d’Alyssa Regent à écouter :
Ses compositions à découvrir sur SoundCloud en cliquant ici :